Quand on parle de voyages, on a tendance à parler de destinations, d’endroits, de lieux, voire de météo. Moi, j’ai envie de vous parler de rencontres. Aimer voyager, c’est prendre le temps de la découverte, s’ouvrir aux autres. C’est comme ça aussi que l’on nourri son art. Stéphanie Chéron-Cielecki l’a bien compris et d’une certaine façon elle renoue avec les artistes du 19e qui partaient faire leur tour d’Italie et revenaient avec de nouvelles couleurs sur leur toile. A chaque étape, j’ai le plaisir de redécouvrir cette artiste voyageuse qui me montre ses aquarelles en parlant avec enthousiasme des endroits où elle pose quelques temps ses valises…
Hello Stéphanie! Moi, je te connais mais pourrais tu te présenter aux lecteurs du blog….
Mon nom est Stephanie Chéron. Je suis française et tiens à souligner mes origines polonaises en y ajoutant Cielecki. Graphiste de formation, je suis passionnée par le voyage et réalise des illustrations exprimant mon expérience à travers le monde.
Tiens, tant qu’on y est. J’en profite. Dis-moi quelque chose sur toi que je ne sais pas. Quand as-tu débuté la peinture?
Tout a commencé en 2012. En quête de découverte, j’ai souhaité terminer mes études aux Beaux Arts de la Martinique. Depuis ce jour, mon thème porte sur LE premier regard. Ce regard émerveillé lors de mon arrivée dans les caraïbes.
En cette rentrée scolaire, je me suis retrouvée pour la première fois, seule au beau milieu d’un environnement qui m’était totalement inconnu. C’etait bouleversant.Curieuse, je me sentais plus vivante et envahie d’émotions par tant de nouveautés : le taux d’humidité tropical, les quartiers colores de Fort-de-france que je traversais pour rejoindre mon école , les cafards si impressionnants, la riche végétation des alentours… tout m’étonnais ! Au fil du temps, mon regard s’habituait à ces sublimes paysages. Je trouvais mes repères et m’adaptais à ce nouveau mode de vie. Très vite, je me suis rendue compte que mon ébahissement se montrait moins intense. Je me hâtais donc de garder trace de mes premiers ressentis à travers les courriers postaux et mails adressés à mes proches. Ainsi, je pouvais revivre ces premiers instants. Je cherchais une solution pour les exprimer autre que par l’écrit. Suite à de nombreuses spéculations, je relevais que ma thématique etait le carnet de voyage.
« Ce qui importe, ce n’est pas d’arriver mais d’aller vers. » citation d’Antoine de Saint Exupéry,1943 est devenu le nom de ce projet.
Quelle était ta première aquarelle ?
Une série de trois esquisses aquarelles 400×160 mm répondant à cette interrogation :
« Comment transcrire graphiquement la fragilité et les couleurs des bâtisses de la Ville Capitale ? »
Pourquoi as-tu fait le choix d’utiliser le médium de l’aquarelle pour ce triptyque ?
« Place-toi de biais, plisse les yeux et observe cette rue ! ».
J’ai utilise l’aquarelle afin de rendre compte de l’entremêlement des couleurs au cœur de Fort-de-France. J’estimais que ce médium était bien représentatif de la juxtaposition d’une bâtisse et de sa voisine, la topologie des rues… intrigantes, insalubres et aléatoires.
L’aquarelle est elle donc devenue ton unique médium de prédilection?
Je dessine, peins, utilise le pastel sec, l’acrylique, le collage, la collecte d’objets trouve a l’endroit-meme et bien d’autres.
Nous nous sommes rencontrés en Martinique, que retiens tu de ton expérience là-bas?
Il est bon d’avoir des passions. Cette expérience m’a permise de découvrir , comment extérioriser mes ressentis par l’illustration.
Qu’as tu préféré peindre à Madinina?
J’ai peins de nombreux paysages ainsi que des scènes de vie mais j’ai préféré représenter l’architecture de l’ile.
Tu as la bougeotte. Une nouvelle expérience à Malte après les caraïbes…
Surprise d’utiliser d’autre nuances qu’en Martinique. A Malte, l’ocre a remplacé le vert émeraude ! J’ai davantage travaille autour des structures architecturales de la Valletta et de Mosta. Cette fois-ci, j’étais fascinée par les habitations abîmées par l’air salin. « Regarde attentivement les façades des cathédrales , les ecaillements racontent une histoire ! ». En effet, apercevoir les différentes couches de peintures ne m’ont pas laisse indifferente.
Tu es en Irlande en ce moment… Quels contrastes d’ailleurs en terme de paysages et de couleurs avec tes précédents voyages. Qu’est ce qui te plaît?
Le gris, les nuances très varies de vert ainsi que les contrastes bien fort entre couleurs froides et chaudes. La couleurs des montagnes du Connemara varient selon le temps qu’il fait. Après la pluie, le soleil. Après le soleil, la pluie. Et entre les deux : brouillard, arc-en-ciel, averses, brume et souvent, du soleil en même temps qu’une averse. Ce qui projette de jolies ombre sur les montagnes de Leenane. Étant donne que je peins sur le vif, cela procure du mouvement et des maladresses. Mon nouveau sujet : ombres et lumières . J’étais de passage en Irlande. Aujourd’hui, cela fait 6 mois que je ne cesse d’admirer cette merveille qu’est le petit village de Leenane et ses deux pubs. J’avoue qu’il ne fait pas toujours bon, il est donc temps de peindre en intérieur : tu trouveras quelques ambiances chaleureuses de pubs !
Est-ce que l’on peut parler de carnet de voyage pour tes illustrations ?
Oui, de reportage.
Un peu d’histoire: ce sont les navigateurs qui ont réalisé les premiers carnets de voyage. Ce qui nous a permis par la suite la reconstitution de leurs grandes épopées à travers le monde. Viennent ensuite les artistes, les scientifiques, les écrivains et ethnologues qui en ont fait l’usage. Les plus touchants demeurent les œuvres d’artistes anonymes car ils sont subjectifs. Les carnets de voyage se démodèrent au profit de la photographie. Ils reviennent à présent, plus tendance que jamais…
A moi de trouver un moyen de sortir de ces sentiers battus !! Encore un peu de temps… j’ai ma petite idée.
Lorsqu’on peint sur le motif, on doit faire avec les conditions atmosphériques, la lumière…
Comment choisi tu tes sujets? Les endroits que tu peins?
En Irlande : un bon ciré, des bottes et c’est parti ! Je me balade avec mon carnet sous le bras et mon matériel ne prends pas de place dans mon sac a dos. Je suis mon intuition. Je m’arrête , respire a fond, écoute la nature ou le plus souvent, du Chopin et peins pour marquer le temps. En tous cas, ma devise : jamais d’après photo, toujours face au décors!
En combien de temps réalises-tu une illustration ?
Comptez 30 minutes pour un format A5, 4h non-stop pour un format A3. J’ai très envie de me mettre au A2 en ce moment ! La montagne en face de chez moi est tellement immense qu’elle mérite une telle envergure sur un plus grand support. Si le sujet m’est personnel, j’en accorde beaucoup plus d’importance et je prends temps de transcrire mes émotions sur papier. Patiente et relaxe, je peux peindre 6h non-stop.
Des conseils pour ceux qui auraient envie de débuter mais n’osent pas?
Ne rien jeter, tout préserver ! Revenir dessus si besoin mais savoir aussi s’arrêter . C’est qui est bien avec l’aquarelle, c’est que ca laisse trace de l’instentanne. Les couches inférieures laissent visibles les premiers gestes et je trouve cela charmant .
Je crois savoir que tu aimes aussi la photographie… J’avais vu notamment de très beaux portraits…
En ce jour, je travaille l’écriture, la photographie numérique, argentique, l’enregistrement sonore et la vidéo.
D’ailleurs j’adore la façon dont tu mets en scène tes aquarelles en les prenant en photographie avec en arrière plan le paysage que tu as représenté.
Merci Sophie ! De ce fait, je continue à mêler diverses techniques.
Une prochaine destination?
Une destination bien plus fraîche : Norvège, Écosse ou Canada.
Or, je vis au jour le jour ! L’Irlande est un pays bien attachant.
Un rêve?
J’envisage l’édition …
Moi aussi j’ai un rêve. Te retrouver un jour quelque part sur la planète, chacune un carnet de croquis à la main. Merci à toi de nous avoir fait voyager sur le blog aujourd’hui. Ton travail est très inspirant. J’aime beaucoup la spontanéité qui s’en dégage à l’heure où beaucoup d’artistes intellectualisent énormément leurs créations. C’est extrêmement vivifiant! Tu es un bol d’air frais dans ce paysage là: ne change rien! Bonne route et à bientôt au détour d’un chemin…
Et pour ceux qui veulent poursuivre le voyage avec Stéphanie Chéron-Cielecki, cela se passe aussi sur ses comptes facebook et instagram
©Stéphanie Chéron-Cielecki
Superbe ! Je découvre ! J’aime beaucoup ces aquarelles et l’idée de mettre mettre en scène dans leur contexte ! Je suis aussi tout à fait d’accord sur la difficulté de conserver l’intensité des découvertes (cela dit il faut déjà avoir cette capacité à être émerveillé par le monde qui t’entoure) .
Bonne route Stéphanie !
Oui je trouve vraiment surper les clichés des aquarelles prises sur le vif à peine sèches, avec le décor derrière.
Coucou, je vous remercie pour vos jolis conseils et compliments :), à très vite !!
Stéphanie